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Dans la ruelle étroite, Salomé court devant. Elle est pressée d'arriver chez nos amis. Je marche derrière avec Rose et Marin. En nous approchant de leur portail, je remarque les coups de klaxon. Le feu est vert, les voitures n'avancent pourtant pas, je m'étonne. Soudain, je vois cet homme qui surgit à quelques mètres devant nous. Massif et... le visage couvert d'une cagoule noir. J'ai le temps de m'étonner de la présence d'un homme encagoulé dans la rue un mercredi après midi avant de voir son arme. Je ne comprends pas. Je ne vois plus Salomé. J'hurle son nom. Elle surgit d'un recoin. Elle se trouve à deux pas de l'homme. Sa tête est à quelques centimètres de l'arme. Je suis à une dizaine de mètres d'eux mais ça me parait un monde qui me sépare de ma fille. J'hurle son nom encore une fois. Elle est figé, ne bouge pas. Je vois arrivé deux autres hommes armés et dissimulés derrières des masques. J'hurle de plus belle. Les hommes s'agitent, braquent leurs armes tout autour d'eux. Salomé me rejoint enfin. Je crie aux enfants de courir, de partir, de fuir. Nous tournons le dos aux hommes qui avancent. Je ne comprends toujours rien. Je cours. Je veux éloigner mes enfants. Ils pleurent. J'ai peur. C'est une fois avoir passé l'angle de la rue, loin de là que nous nous arrêtons. Je tremble, nous pleurons. Soudain, une énorme fumée épaisse et noire s'élève dans les airs. Des sirènes se rapprochent. Trois voitures de police passent devant nous en trombe. Nous commençons à nous inquiéter pour nos amis dont la maison se trouve là où le feu a pris. Mais ils sont soudainement près de nous. Ils étaient sortis faire une course. Les pompiers arrivent. Une fois que la paralysie nous quitte, nous nous réfugions tous chez nous. A l'abri. Dehors les sirènes ont longtemps continué d'hurler.
Ce n'est que le soir que j'ai appris qu'il s'agissait du braquage d'un transporteur de métaux précieux. Les braqueurs ne sont pas parvenus à leurs fins et ont finalement mis le feu à une voiture...
Chez nos amis, seul le portail a brûlé.
Nous sommes choqués, mais nous n'avons rien.
J'ai eu besoin de venir vider mon sac ici.